Don Claudio M. Berardi

L’homme intégral et dialogue interdisciplinaire
L’intervention est introduite par un cadre historico-philosophique qui suit l’évolution déclinante de la modernité par rapport à la conception de l’homme. Une désorientation anthropologique qui n’est due non pas à la science mais à la compréhension de la méthode scientifique. Le défi culturel contemporain est de faire dialoguer les hommes de foi et les hommes de science, ceci est possible si l’on évite le chevauchement épistémologique, en discernant les compétences pour une vision unifiée de la connaissance. Il met en évidence l’utilité et la nécessité d’une approche interdisciplinaire à la connaissance de la réalité comprise comme une réponse à la fragmentation de la connaissance et à la décadence de la sagesse de la postmodernité. L’unité de la connaissance est proposée non pas comme une méthode philosophique, mais plutôt comme une formation personnelle et universitaire. La confusion générée par les différentes approches philosophiques et «scientifiques» dans le domaine anthropologique et méthodologique peut être attribuée à plusieurs causes historiques et à des préjugés, l’un d’entre eux est le manque de rigueur sémantique et l’absence de distinction entre la dimension psychologique du spirituel. L’intervention préconise une plus grande collaboration entre le monde scientifique et la connaissance théologique en créant un lieu de rencontre, sous un même «toit» bien que vivant dans des «locaux» différents, conscients que la «porte» de la connaissance est ouverte à tous et il nous invite à «construire la maison à l’ombre de la Sagesse tout en l’habitant».


Dr. Leonardo Marletta

Péché-vice de la gourmandise-gastrimargia
Le Dr. Leonardo Marletta fait un préambule au sujet des maladies spirituelles (maladies de l’âme) comme passions et désirs désordonnés, qui impliquent l’éloignement des facultés de l’âme de leur orientation vers Dieu. La dimension spirituelle du péché-vice de la gourmandise-gastrimargia est représentée par la recherche démesurée de plaisir en mangeant, l’intempérance de la bouche et du ventre (gastrimargia comme «ventre folie»), est une manifestation de la luxure (la condition humaine de l’avidité, de la possession, du désir), et de l’ego égoïste qui bloque le chemin spirituel. Voici quelques actions et conditions pour la guérison spirituelle: réorienter les facultés de l’âme vers Dieu; synergie entre effort humain et grâce reçue; conformer la volonté humaine à celle du Christ; une conversion comme changement radical du mode de vie; volonté de guérir; exercices de discipline de la propre oralité; sacrements de la pénitence et de l’Eucharistie; prière; pratique de la vertu de tempérance, de sobriété et de modération; lutte contre les pensées; faire preuve de la vigilance des sentinelles et éviter que nos cœurs soient accablés afin d’être prêt pour le combat spirituel contre les tentations. Le conférencier indique qu’un changement de perspective est nécessaire: passage de la logique de consommation à celle de la communion/partage; ne pas seulement aimer les dons mais aussi le Donateur, telle que nous l’a enseigné saint Jean de la Croix dans la Nuit obscure de l’âme, pour être parfaitement purs et libres de toute attache et de tout désir de possession en vue de s’unir à Dieu à travers la charité. Enfin, est traitée la dimension psycho-sociale et des modèles culturels amplifiés par les médias: la nourriture comme point de rencontre entre nature et culture, à laquelle sont liées les valeurs relatives au plaisir, de la possession de biens matériels, de l’affirmation de soi, du bien-être et du bonheur, de la douleur et de la souffrance.
En conclusion, on met en évidence que dans le thème de l’alimentation-nourriture plusieurs dimensions sont impliquées: celle de la matière biologique, celle de la symbolique culturelle et spirituelle, par conséquent, le besoin de nourriture concerne l’alimentation et l’eau, les gestes et les mots qui nourrissent les relations, la Parole de Dieu.


Prof. Mihály Szentmártoni, S.J.

Boulimie et anorexie
Le Prof Mihály Szentmártoni place le rapport homme-nourriture sur deux plans extrêmes: d’une part, l’idolâtrie de la nourriture qui est illustrée dans le cas de l’homme riche de l’Évangile et de l’autre le mépris pour la nourriture qui est illustré dans certains cas d’ascètes parmi les premiers ermites. Le rapport de l’homme à l’alimentation peut être déformé et devenir symptôme d’un trouble psychique, à travers le phénomène de trouble de l’alimentation, trouble alarmant dans notre société occidentale: l’anorexie, la boulimie, le végétarisme et autres nouveaux troubles. On a exploré le thème de l’anorexie avec comme critères diagnostiques la perte de poids importante, la peur de prendre du poids, la dysmorphie corporelle, l’aménorrhée. On analyse l’altération de sa propre image, qui fait percevoir son propre corps comme inadapté et, en particulier, continuellement dans des conditions de surcharge pondérale. Le conférencier donne quelques éléments sur des approches thérapeutiques: sortir de l’estomac de la baleine, où la thérapie consiste à sortir de l’étau de protection familiale, laisser partir le fils prodigue; Outremangeurs Anonymes (le groupe des obèses anonymes). Il n’y a pas les anorexiques ni les boulimiques. Il ya seulement une multitude de personnes qui ne savent plus bien comment et quand «s’ouvrir» et se «refermer» aux autres et qui utilisent la nourriture pour dire quelque chose. Il n’y a rien à «rajuster», rien à «réparer», rien à «normaliser». Il faut seulement ouvrir la porte à la joie de vivre et cesser de penser que tout est un «fardeau». Il faut comprendre que ce n’est pas le «symptôme» qui fait mal, mais la douleur qui se transforme en symptôme, afin de négocier dans la vraie vie le prix de sa propre liberté. La «sainte» anorexie est alors analysée à travers l’expérience de sainte Françoise Romaine (1384-1440), en essayant de déterminer les éléments qui la distinguent de l’anorexie d’aujourd’hui. L’anorexique moderne recherche un but social: santé physique, minceur et maîtrise de soi. La sainte anorexique du Moyen-âge cherche, elle, sa santé spirituelle, le jeûne est un acte de privation; elle voit l’Agneau, Jésus-Christ, et elle est proche de lui au paradis et elle sent l’amour de Dieu et s’alimente de l’Ostie.


Dr.ssa Lavinia Gasperini

Réponse éducative à la pauvreté et à la faim avec une approche interdisciplinaire
Pour promouvoir les objectifs du millénaire en sein aux Nations Unies, la FAO se sert de la collaboration interdisciplinaire dans une philosophie de partenariat avec de nombreuses organisations civiles et religieuses, publiques ou privées afin de lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde. L’objectif fondamental est la sécurité alimentaire qui intègre à la fois l’offre qualitative et quantitative, non seulement pour les consommateurs mais aussi pour les producteurs. En particulier, le partenariat Éducation pour les Populations Rurales (EPR) veut créer un pont entre ceux qui s’occupent du développement humain (dans un sens global, physique, biologique, spirituelle) et ceux qui travaillent dans le domaine du développement rural pour combler le fossé entre la population urbaine et rurale. Son activité est basée sur la conviction, confirmée par de récentes études, que l’investissement dans l’éducation, dans la formation et le développement des compétences est une condition essentielle pour la rééduction de la pauvreté et l’accroissement de la sécurité alimentaire dans chaque pays. Tenant compte du fait que 70% des pauvres vivent dans des zones rurales, nous comprenons la raison de l’engagement spécifique et primaire à l’égard des populations vivant à la campagne et l’importance de la sensibilisation des gouvernements au niveau national et international pour que le sujet de «l’éducation de la population rurale» ne soit pas englobé et inséré au sein de groupes soi-disant défavorisés ou vulnérables tels que les handicapés, les prisonniers, etc. Les principales activités du partenariat ERP, qui se développent désormais depuis dix ans, peuvent se résumer en quelques points importants: allocation de ressources en faveur des populations rurales; création d’une coordination entre les différents organismes impliqués dans le développement; aide à l’accès à l’éducation; éducation pour le développement agricole en encourageant et en favorisant l’esprit d’entreprise; tentative de contenir le phénomène de fuite des enseignants des zones rurales. Quelques signaux positifs dans l’action effectuée par le FAO se reconnaissent dans le fait que certains pays qui ont inclus dans leurs programmes la promotion de l’éducation rurale servent de modèle à d’autres pays en voie de développement, en outre, dans certains cas les gens réussissent à faire reconsidérer les besoins des communautés rurales plus aisément par le gouvernement central et enfin, la déclaration du Sommet mondial des Chefs d’États tenu en 2009 a reconnu la nécessité d’investir des ressources dans les infrastructures rurales, ainsi que dans le vaste domaine de l’éducation.


Dr. Paolo Soster 

Se nourrir de Dieu: aspects médicaux, dans le cas de la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa
L’intervention évoque l’histoire de la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa, qui est née et a vécu au Portugal au début du XXe siècle, des aspects médicaux concernant sa survivance due seulement à la seule prise de l’Eucharistie, une situation qui a été testée dans les hôpitaux et qui soulève des questions importantes sur la nature des phénomènes observés.
Une dysphagie progressive en Mars 1938 conduit la bienheureuse à ne plus être en mesure de prendre ni nourriture ni boisson à l’exception de la Sainte Eucharistie. Un internement volontaire au Refuge pour la paralysie infantile de Oporto lui fut donc proposé; 40 jours d’observation médicale durant lesquels il apparut que Alexandrina ne mangeait pas, ne buvait pas, n’urinait pas et ne déféquait pas tout au long de la période. Le tableau clinique observé dans de telles situations évoque celui de l’insuffisance rénale aiguë, mais qui ne se manifesta pas dans le cas de la Bienheureuse.
Il existe diverses interprétations: la théorie scientifique qui croit pouvoir expliquer les faits à travers le progrès de la technique et de la connaissance ou de la pathologie mentale; une autre estime que le corps humain est capable d’utiliser l’énergie interne du corps, phénomènes qui se produisent que dans des conditions telles que la sainteté; une interprétation encore différente vient de la réalité orientale, dont il n’existe cependant pas d’études scientifiques.
L’Église catholique considère ce cas comme un miracle qui indique à l’humanité la vraie nature de l’Eucharistie: le Corps du Christ comme nourriture vraie et comme une préfiguration de la survivance de l’organisme après la résurrection des corps qui surviendra à la fin des temps.


Don Riccardo Petroni

Spiritualité eucharistique dans la vie des saints
La spiritualité eucharistique unit la vie de tous les saints, parce que c’est bien à partir du rapport conscient et actif qu’ils ont avec Christ présent dans l’Eucharistie qu’ils ont pu accomplir les merveilleuses œuvres de charité dont nous avons le témoignage, mais surtout pratiquer les vertus chrétiennes à un degré héroïque.
C’est dans la communion eucharistique que se réalise de façon spéculaire ce que l’Esprit Saint produit dans la consécration des espèces eucharistiques: en recevant le Corps et le Sang du Christ le chrétien est assimilé et comme transformé en lui, au point que son être ne lui appartient plus, mais qu’il devient Corps du Christ. Saint-Paul, le premier saint de l’Eucharistie, exprime l’accomplissement de ce mystère quand il affirme: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Gal 2,20). Au cours de la patristique saint Ignace d’Antioche, sachant qu’il est condamné à périr sous les crocs des bêtes féroces à cause de sa foi en Jésus-Christ, exprime le désir de devenir «pain moulu du Christ» et supplie les chrétiens de ne pas intervenir auprès des autorités romaines pour sa libération, afin que, par le sacrifice de sa vie, en union avec le Christ il puisse réaliser sa «transsubstantiation». Saint Tarcisio, Saint de l’Eucharistie par excellence, était chargé par le Pape Sixte II d’apporter l’Eucharistie aux chrétiens condamnés à mort du fait de la persécution; lorsqu’il fut sauvagement assassiné par des jets de pierres il mourut serrant sur sa poitrine l’Eucharistie qu’il garda avec un immense amour et qui devint ainsi partie de son propre corps. Il n’est pas possible d’énumérer tous les saints ayant un rapport particulier avec l’Eucharistie. Parmi les plus récents on se souvient de Saint-Pierre Maldonado (tué pour l’anticléricalisme existant au Mexique, tout en essayant d’éviter au Saint-Sacrement sa profanation par l’armée) et le Cardinal Van Thuan (prisonnier pendant 13 ans, dont 9 en isolement dans une prison du Vietnam).


Prof. Jordan Sliwinski O.F.M. Capp.

Alimentation et violence: aspects symboliques
Le thème «alimentation et violence» est abordé à travers une analyse anthropologique relative au contexte culturel de la civilisation occidentale contemporaine, dont l’accent est mis sur trois aspects en particulier: la consommation (manger quelque chose), le cannibalisme (manger quelqu’un), l’autoconsommation (se manger soi-même). Aujourd’hui, l’homme se nourrit d’émotions, de sensations, d’impressions instantanées et fugaces et les biens de consommation sont devenus un moyen pour créer continuellement de nouvelles sensations, avec le double risque d’un gaspillage excessif de ressources, et de la perte de notre propre identité historique. En outre, les relations entre les gens se basent principalement sur une conception de l’homme se référant seulement à sa dimension corporelle; le résultat en est une réduction de la personne à un objet de consommation pour son intérêt ou son plaisir propre, tout en désirant une authentique relation personnelle basée sur l’amour. Enfin, en raison de nouvelles technologies, on assiste à un sentiment d’aliénation du sujet à la réalité, à un isolement du monde réel qui enlève à la personne la liberté de choix, ce qui le rend dépendant de ce qui lui est proposé. Il y a cependant quelques aspects positifs comme la critique de la consommation et la sensibilisation à l’environnement qui se répand de plus en plus. Dans le domaine religieux on note la tendance à considérer la religion comme un analgésique contre les problèmes et les difficultés de la vie, et donc comme un objet de supermarché, où les valeurs sont relativisées en fonction des propres besoins. La doctrine chrétienne est pleine de réflexions et de propositions – comme l’épistémologie du jeûne – qui sont en mesure de lutter contre cette vision réductrice de la personne et de la religion.


Professeur Elmar Salmann O.S.B.

Alimentation et beauté: entre contemplation et conjonction
Entre l’approche purement symbolique et figurative (logique de la vision et de la contemplation) et son contraire qui met l’accent sur la réalité du repas, du fait de manger (logique de la consommation), le professeur Salmann aborde le thème de l’Eucharistie au nom d’une logique dialectique qui contextualise et relativise les deux positions en même temps. Approfondissant la veine classique de l’école thomiste-théologie, en particulier de l’analyse des hymnes eucharistiques de saint Thomas d’Aquin et de quelques questions de la Somme Théologique, il démontre que chacun des deux aspects sont inclus et en quelque sorte dépassés dans le grand mystère Eucharistique. Sept points nous aident à comprendre ce point de vue; il y a au centre des mystères chrétiens comme un vide, une réalité insaisissable et ineffable; la Cène comme résumé de la pratique de Jésus, et donc comme signe de l’importance de sa vie; le rite eucharistique, allant du symbolisme animal à la sublimation; le vaste champ sémantique utilisé en référence à l’Eucharistie qui embrasse la mémoire, la bénédiction, la louange et l’adoration étendue au sacrifice, au don, à l’offre (oblatio, pascha), passe à travers la présence cachée, mais révélée jusqu’à la consécration, à la conversion, à des mutations de substance; la dimension sacrificielle qui exprime le sacrifice sanglant du Christ; le fait de manger (sumptio) compris comme nourriture spirituelle de l’âme qui est à son tour pris, transformé en ce qu’elle reçoit et jouit de la vue (contemplatio) de Dieu; la dimension eschatologique de la vision et de l’alimentation qui mène à la logique de monstratio eucharistique: le Christ s’expose à nous, à notre contemplation, car à notre tour, nous nous laissons existentiellement exposer à d’autres personnes afin de montrer quelque chose du visage de Dieu à ceux qui ne le connaissent pas encore.


Mons. Alceste Catella

Alimentation et liturgie
À travers le prisme de la «médiation anthropologique», qui souligne le sens humain de l’acte de manger, Mgr. Catella analyse le «rituel» de l’Eucharistie, institué lors de la Cène, et en explique la signification à partir de la valeur symbolique des gestes et des paroles prononcées par Jésus-Christ durant sa vie. Le Nouveau Testament compare la vie et l’histoire de Jésus à un banquet, dont l’Eucharistie est le mémorial. Dans l’Évangile de Jean, le symbolisme de manger et de boire est très riche et se réfère soit à la vie de la grâce, soit aux relations d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Jésus-Christ est celui qui étanche la soif des hommes, à travers le don de l’Esprit Saint, lequel fait jaillir la vie divine dans le cœur des croyants, la nourriture de Jésus, c’est de faire la volonté du Père; le Christ est le pain vivant descendu du ciel, qui donne sa vie en offrant sa propre chair et son sang comme nourriture aux hommes. Le pain que Jésus prend entre les mains au cours de la Cène Eucharistique ne porte pas seulement un symbolisme naturel et historique, mais aussi celui qui résulte de l’histoire «surnaturelle», de l’Ancien et du Nouveau Testament (Pâques, la manne, etc.). L’action de Grâce de Jésus s’étend au don de toute la création et de l’humanité condensée en lui. La fraction du pain est le don gratuit de sa propre vie, par amour pour le Père et les hommes, transcription symbolique et parfaite de l’extase trinitaire, dans laquelle chaque personne divine ne subsiste et n’existe que dans les autres. Le «corps offert» exprime le passage du corps de chair au corps mystique. Avec la commande: «Faites ceci en mémoire de moi», Jésus invite toute l’Église à entrer dans son acte eucharistique de don et d’amour, de sorte que l’action de l’homme devienne action de Dieu à travers l’homme. Le vin est un symbole de joie et de souffrance commune, avec lequel Jésus signifie que sa mort, avec toute l’amertume quelle comporte, contient cependant une joie inexprimable, parce que c’est la mise en œuvre de l’Alliance, de la communion entre Dieu et les hommes, la joie sans fin par anticipation du banquet céleste.


Prof. D. Fabrizio Pieri

La tentation de Jésus: «l’homme ne vit pas que de pain»
La clé herméneutique que Don Fabrizio Pieri utilise, est l’expérience de la tentation dans le désert vécue par Jésus fait Homme, qui vit et passe toute sa vie pour assouvir la faim de Pain de Dieu, qui consiste à accomplir pleinement Sa volonté. Les textes lucaniens sont étudiés en langue originale grecque. Dans Luc 4,1-13 Satan met à la preuve la divinité de Jésus dans le but d’éloigner sa propre volonté de celle de son Père. Jésus répond à la tentation en ne mettant sa divinité et sa puissance qu’au service du Père, parce que c’est par cet acte que se révèle et se réalise le plan de salut. Jésus en Luc 22,39 à 46 est montré dans la faiblesse de son humanité, afin d’être un modèle pour les disciples: seule la prière permet de vivre la tentation comme un moyen de salut. Dans la prière, plutôt que la suppression de l’épreuve, Jésus demande la force de la surmonter. En fait, le Père ne supprime pas la coupe, mais il envoie un ange pour le réconforter. La tentation comme mystère de l’épreuve – douloureusement vécue par Jésus au point de transpirer du sang, mais aussi comme un kairos sauveur et rédempteur, afin d’être l’aliment qui satisfait la faim d’amour du Père – il nous invite à être des hommes et des femmes croyants, qui se projettent dans ce qui compte réellement: accueillir, vivre et incarner la Parole de Dieu pour ne pas tomber dans le danger prophétisé par Amos au nom de Dieu: «Voici, des jours viendront – oracle du Seigneur – où j’enverrai la faim dans le pays, non pas la faim de pain et la soif de l’eau, mais la faim des paroles du Seigneur. Alors ils iront errant d’une mer à l’autre et se déplaçant du nord à l’est, afin de chercher la parole du Seigneur, mais ils ne la trouveront pas» (Am 8,11-12).


Dr. D. Andrea Ferrero

Malédiction et alimentation
La possibilité du maléfice dans l’alimentation peut être expliquée d’un point de vue théologique, avec la présence et l’action de Satan, qui, dès le début de la création œuvre pour introduire et propager le mal dans le monde et dans l’être humain. Certains textes de l’Écriture Sainte nous permettent d’affirmer que, dans certains cas, il existe un lien entre cette action du malin et l’acte de manger, comme par exemple dans le cas du péché originel et celui de la trahison de Judas. Il est question de maléfice au sens strict du terme lorsque nous avons recours à des pratiques qui font appel à l’aide et à l’intervention du diable pour faire du mal aux autres, à leurs biens ou à leur personne. L’efficacité du maléfice est subordonnée à la permission divine, qui en quelque sorte tolère le mal avec comme but d’obtenir un bien supérieur, mais dépend, en partie aussi de la méchanceté de celui qui invoque Satan. Dans l’Évangile, le Seigneur Jésus abolit toute interdiction alimentaire déclarant tous les aliments propres à l’alimentation, et saint Paul, parlant des viandes immolées aux idoles, souligne qu’elles n’ont aucune valeur négative, effectivement les aliments «maudits» ne contiennent pas de substances vénéneuses, mais elles servent d’instrument sensible et symbolique pour l’action de Satan. Les maléfices alimentaires ne s’opposent pas à l’utilisation des rites et formules magiques capables de «retirer» le maléfice (même si accomplies par un prêtre), mais avec le recours confiant à Dieu qui nous invite à nous approcher de lui dans une recherche sincère de sa volonté, purifiant notre foi, confiant en sa miséricorde et son aide et accomplissant des actes de charité envers Dieu et le prochain.


Prof. Dr. Massimo Aliverti 

La dimension magico-religieuse de la nourriture. Histoire et anthropologie du rituel alimentaire
L’intervention expose d’une manière complète et détaillée, intégrant de nombreuses références littéraires, l’importance du rituel alimentaire dans l’histoire plurimillénaire de l’homme et dont il représente une constante. On constate une intégration de facteurs biologiques et culturels d’où se reflète la société d’appartenance et est chargé d’une valeur symbolique qui trouva son expression majeure dans le monde magique, à travers la préparation et l’absorption de filtres et potions et dans celui religieux où il assume un sens de «passage commun entre le monde terrestre et le monde surnaturel». Des rituels évidents sont détectables dans la nourriture afin d’obtenir des récoltes ou des réserves de chasse abondantes, dans la célébration d’événements importants pour la communauté ou une partie de celle-ci, ainsi que dans les phénomènes de cannibalisme où l’absorption d’une partie du corps du défunt servait à acquérir qualités bien spécifiques lui appartenant. Depuis toujours de nombreuses célébrations annuelles, qu’elles soient sacrée ou païenne, sont caractérisées par la consommation d’aliments, c’est le cas pour les fêtes d’Halloween, de Saint-Nicolas, de Sainte-Lucie, pour la célébration de Noël et la fête de l’Épiphanie. Plus spécifiquement dans le domaine de la religion il est bien connu que toutes les grandes religions présentent des rituels et des règles de comportement liés à l’alimentation. Le christianisme prévoit pour des périodes limitées abstinence et jeûne, dans la liturgie catholique «le pain et le vin sont offerts aux fidèles comme le corps et le sang de Dieu», pour les Juifs ils existent des aliments interdits, des rites d’abattage des animaux ainsi que des limitations de la consommation de vin et de végétaux, les musulmans ne peuvent pas ingérer certains aliments et doivent observer des périodes d’abstinence et préparer des aliments selon des règles précises, les bouddhistes et les hindous suivent des règles qui régissent et limitent l’alimentation. En conclusion, le «rituel alimentaire a caractérisé dans le passé et caractérise toujours les pays et les gens de toutes les époques et de toutes les parties du monde».


Prof. Roberto Fornara OCD

Pain prêt à être consommé: aliment, liturgie et le don de vie dans la Bible hébraïque
L’analyse des termes utilisés en hébreu pour indiquer l’alimentation ou la nutrition en général met en évidence une grande variété de significations et d’applications qui rappellent d’un côté la violence, la destruction ou la consommation, de l’autre la fête, la joie, la prospérité, mais aussi le silence pour favoriser l’écoute de la Parole de Dieu. Dans le texte biblique, l’interdiction divine de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal contenue dans le récit de la création de la Genèse et les exigences détaillées relatives à la pureté ou à l’impureté des aliments, contenues par exemple dans le livre du Deutéronome sont très significatives. La limite établie par Dieu pour la nourriture, et donc au soutien de l’homme, signifie que l’être humain doit toujours reconnaître Dieu comme l’origine de la vie et comme Celui qui pourvoit aux besoins les plus profonds de l’homme. Il doit cependant accepter dans le même temps les limites et la finitude de son existence, sans vouloir devenir la référence unique et absolue de ses actes, mais il doit assumer une attitude de responsabilité à l’égard du don et du Donateur. La tentation de Satan s’appuie sur la peur de cette limite, afin d’occulter la véritable image de Dieu et conduire au péché, consommé lorsque l’homme, cédant à la cupidité, perd de vue le Donateur et souhaite s’approprier totalement ce qu’il a reçu en don. Inversement, si l’homme apprend à jeûner, abandonnant ainsi à la logique de la rivalité et de la possession pour accepter la logique du don, il pourra mieux connaître et «voir» Dieu.

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